Sans refaire tout l’historique, les monnaies électroniques ont été imaginées dans un but bien précis. Et sans doute louable.
Dans les transactions basées sur une monnaie classique, le respect de la légalité et de l’honnêteté d’un échange est basé sur le fait que les deux parties prenant part à la transaction délèguent à un tiers de confiance l’authenticité de la transaction, lequel prend en charge la sécurité et le succès du virement des fonds entre les comptes des deux parties. Ce tiers de confiance est le système bancaire.
On voit ici tout de suite une première limite, qui est que ce sont les banques qui centralisent l’authenticité des échanges. Ce qui pose un gros problème de vie privée: les banques savent ainsi tout de nous. Et quand on sait que les banquiers sont aussi des assureurs, on peut imaginer à quels genres d’abus on peut arriver.
Mais heureusement, c’est ici que le principe sur lequel reposent les cryptomonnaies vient à notre rescousse.
En effet, les monnaies électroniques se passent complètement des banques comme tiers de confiance. A la place, elles reposent sur la technologie blockchain pour garantir l’authenticité des échanges monétaires, ainsi que maintenir leur historique. La conséquence directe est la totale décentralisation du rôle de tiers de confiance, car le système est son propre tiers de confiance, réglant ainsi définitivement le problème évoqué précédemment.
Encore peu utilisées, déjà grandes consommatrices d’électricité
En revanche, la technique la plus utilisée pour s’assurer de l’honnêteté des nombreux nœuds validant chaque opération implique que chaque nœud doit effectuer d’importants calculs pour authentifier l’opération. C’est la preuve de travail appelée souvent le minage, et qui sous-entend que l’effort produit par le nœud justifie son intérêt au bon fonctionnement de la monnaie . Et le minage, ça consomme de l’électricité (c’est même le principe !). Si on regarde la situation en perspective, des milliers de transactions, impliquant des milliers de nœuds, effectuant eux-même des milliers de calculs, on réalise que ça va consommer beaucoup d’électricité.
En 2021, l’utilisation des cryptomonnaies est encore assez marginale : peu ou pas de commerçants les acceptent, et il n’y a nulle part de loi donnant un cadre légal et officiel à leur utilisation. Pourtant, malgré ça, les premières alertes remontent déjà, comme les grandes coupures d’électricité en Iran, à cause de l’activité de minage effectuée de manière importante sur son sol. Si ça commence déjà malgré le relatif faible taux d’utilisation des monnaies virtuelles, que va-t-il se passer lorsque tous les humains de la planète auront remplacé leurs roupies par des bitcoins ? Pas besoin de faire une multiplication compliquée pour en avoir une petite idée…
Du coup, personnellement je me pose une question bête : est-il pertinent d’adopter massivement un système d’échange monétaire ultra-consommateur d’électricité, alors que nous sommes dos au mur (et c’est peu de le dire) d’un point de vue environnemental ? Eh bien mon avis est que non, ça n’est pas du tout une bonne idée. C’est appuyer encore un peu plus fort sur la pédale d’accélérateur qui nous envoie droit dans le mur.
Une alternative : la preuve d’enjeu, mais elle annule en partie le principe de décentralisation
Il existe une mécanique de validation alternative à la preuve de travail, qui est la preuve d’enjeu. Elle repose sur le fait qu’un nœud aurait légitimité à valider une transaction car celui-ci possède déjà une quantité de la monnaie virtuelle concernée suffisante pour prouver son intérêt à ce que la monnaie virtuelle « fonctionne bien », et soit sûre pour ses utilisateurs. L’avantage de la preuve d’enjeu, c’est qu’il n’y a pas besoin de puissance de calcul, et donc que ça consomme peu d’énergie. Ceci dit, à mon humble avis, ça s’éloigne de l’idée de départ qui est de décentraliser le tiers de confiance, car ici ce rôle serait dans la très grande majorité assuré par les quelques nœuds qui auraient eu un avantage initial en possédant rapidement une grande quantité de monnaie virtuelle, un peu comme les banques actuellement. Ainsi, je n’arrive pas à me convaincre de la pertinence et de l’originalité de la preuve d’enjeu.
Pour conclure, bien que l’intention de départ qui est de décentraliser le tiers de confiance soit louable, le moyen proposé par les monnaies virtuelles me parait inapproprié. Non, quitte à imaginer des solutions d’avenir, à être visionnaire, soyons fous et proposons quelque chose qui n’a jamais été fait : le troc par exemple 🙂